• AUX RACINES DE THIZY-LES BOURGS

    Le Haut-Beaujolais, un pays « sans histoire » ? Rien de plus faux. Bien que laissé aux marges des grandes recherches archéologiques qui ont marqué les plaines de la Loire et de la Saône tout au long des XIXème et XXème siècle, la région de Thizy se retrouve aujourd’hui au cœur de recherches prolifiques qui démontrent la présence de l’homme depuis la préhistoire, au Néolithique, à l’âge du Bronze, à l’époque celtique puis gallo-romaine, au Moyen-âge. La commune nouvelle de Thizy-les-Bourgs est particulièrement riche de ces traces, puisque traversée par une voie plusieurs fois millénaire qui permettait la liaison de la Saône et de la Loire à un point où ces vallées sont très proches. La présence de l’homme, à travers les âges, a laissée de nombreuses traces, souvent enfouies, parfois encore visibles en surface. S’il était un site archéologique emblématique du Haut-Beaujolais, ce serait bien celui du Bois-Durieux à Mardore, un camp occupé au moins depuis l’époque gauloise, puis autour de l’an Mil, par un château en terre et en bois dont les vestiges impressionnent aujourd’hui encore les archéologues les plus aguerris. Aux pieds du Bois-Durieux, les curieux découvrent un pont mégalithique très ancien, unique dans la région. Partout autour, à Mardore, à La Chapelle, à Marnand et à Bourg-de-Thizy, champs et forêts livrent à l’œil avisé les traces de nos ancêtres, sous la forme de haches en pierre polie, de pointes de flèches, de poterie celtique, de monnaies romaines. A n’en pas douter, les anciens Hommes se sont plu dans nos collines : ils sont venu, ils ont chassé, défriché, épierré, mis en culture, façonné le paysage que l’on connaît aujourd’hui : le terroir de « l’entre Reins et Trambouze », c’est leur héritage. Certains ont construit des châteaux, d’autres des abbayes. Tous sont nos ancêtres d’une certaine manière, par l’ADN de la terre. Les vestiges qu’ils nous on laissé méritent d’être connus, protégés et mis en valeur, avant qu’il n’en reste plus rien.

    Il est grand temps de faire cette prise de conscience. A l’heure où partout en France les grands travaux sont précédés d’une expertise archéologique, et parfois de fouilles visant à étudier ce qui va être détruit, on ne peut plus accepter qu’à Bourg-de-Thizy le développement économique se fasse sans respect de nos racines. Ce sont des méthodes d’un autre temps. Là, à la ZAC des Granges, on détruit impunément, depuis 2009, un site archéologique extraordinaire pour notre communauté, un village gallo-romain dont les racines remontent avant la conquête des Gaules, un site qui a livré des traces de la présence humaine depuis trois, peut-être quatre mille ans ! Ici se trouve un village-étape, un petit bourg antique qui accueillait les voyageurs dans la rude traversée du Beaujolais. Ici ont vécu des aubergistes, des artisans bronziers, forgerons, verriers, des producteurs de tuiles « romaines », ici on a bu du vin italien tiré de grandes amphores. Qu’on se le dise, le patrimoine ne peut plus passer à la trappe au prétexte du développement économique : l’archéologie fait le lien entre le passé et notre avenir, car c’est en préservant nos racines, une Histoire commune, des traditions qu’on cimente une communauté. A l’heure où l’archéologie préventive concilie enjeux patrimoniaux et économiques, en libérant à l’issue des fouilles les terrains destinés à être construits, en permettant ce progrès économique tout en préservant les traces du passé, battons-nous pour une fouille de sauvetage à Bourg-de-Thizy ! Car ces vestiges archéologiques que l’on détruit, on les soustrait à l’intérêt des générations futures, on leur vole leur passé. Ne prenons pas cette responsabilité.

    Pour ne plus entendre dire « qu’il n’y a rien » ici, il ne faut plus répéter les erreurs du passé ; que serait notre commune nouvelle si Thizy n’avait pas perdu son château (l’un des plus puissants de France d’après les textes), si Bourg-de-Thizy avait gardé son église romane (l’une des plus belles de la région), si le patrimoine industriel textile était traité comme il se doit ? Mettons en valeur notre patrimoine, préservons nos racines, allons de l’avant forts d’un ciment protecteur : celui de notre histoire commune.





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